juillet 10, 2014
Sia Tolno s’épanouit dans l’afrobeat, genre fort en gueule La militante guinéenne sort un nouvel album, « African Woman », où elle dénonce la guerre, la corruption et le machisme. C’est une guerrière. Entourée par la guerre, ballottée par elle, jamais battue. Sia Tolno, Guinéenne ayant grandi dans l’anglophone Freetown, capitale de la Sierra Leone, a trouvé son salut dans l’afrobeat. « C’est une musique d’expression des colères, qui est à la hauteur de ce que je veux dire », explique-t-elle. Sia Tolno vient de publier African Woman, son troisième album, abandonnant la variété soul à l’africaine pour un tapis polyrythmique de percussions yoruba, de funk, de jazz. Elle casse ainsi la suprématie masculine sur un style musclé hérité du high-life ghanéen. Grande, coiffure en prolongation, Sia Tolno y dénonce le machisme (Manu), l’imbécilité des chefs de guerre (Rebel Leader) et la corruption policière (African Police). MILITE POUR L’ÉDUCATION DES FEMMES Chanteuse au coffre certain, elle milite pour l’éducation des femmes, forcément puissantes (Waka Waka Woman) « qui doivent prendre leur place dans l’Afrique d’aujourd’hui », dit-elle, citant l’exemple d’Ellen Johnson Sirleaf, Prix Nobel de la paix, qui gouverne le Liberia depuis 2006. Elle mène campagne contre l’excision (Kekeleh) et pour que les épouses « ne tolèrent plus les maris humiliants ». Elle raconte aussi l’histoire tragique de Yaguine Koïta et Fodé Tounkara, deux adolescents candidats à l’émigration trouvés morts dans le train d’atterrissage du vol 520 de la Sabena en 1999. Une autre chanson, Idjo Weh, décrit une jeunesse africaine coincée « par la peur de l’influence parentale et les structures sociales : tu ne peux pas être maître de toi, car il y a toujours quelqu’un de mieux placé que toi ; cela génère de la violence, de la révolte, du trafic de drogue ». Pour les deux albums précédents, Eh Sanga et My Life, elle avait travaillé avec des Guinéens, le guitariste Kanté Manfila (un ancien […] LE MONDE | 10/07/2014 | Par Véronique Mortaigne